"Chaque jeune devrait pouvoir faire une rupture en montagne".
L'équipe de la Maison de Jeunes Peterbos a fait un de ses fameux trekkings avec dix-huit jeunes dans les Pyrénées. Au programme : chaque jour une solide marche en montagne avec nourriture et boisson dans le sac à dos, dormir dans des chalets ou des tentes, mais surtout : réfléchir sur la vie et mettre sa propre vie en perspective. Zineb (20 ans) et Wassim (18 ans) vivent dans le quartier du Peterbos et ont participé aux trekkings. Ils sont bien d'accord sur au moins un point : tous les jeunes devraient pouvoir faire l'expérience d'une telle rupture en montagne au moins une fois dans leur vie.
« La semaine qui a changé ma vie »
La voix de Zineb est chaleureuse et joyeuse lorsqu'elle parle de son aventure dans les Pyrénées. "J'avais tellement hâte d'y aller et j'étais super excitée de partir. Le voyage avait été reporté à cause de la pandémie, mais j'avais entendu les histoires d'autres jeunes qui étaient déjà partis avant moi dans les montagnes et honnêtement, tout ce qu'ils avaient dit était vrai ! On s’éloinge vraiment du reste du monde, de sa vie quotidienne. Mon âme s'y est reposée. Cette semaine dans les montagnes a changé ma vie".
"Le fait d'être éloigné de tout est définitivement essentiel", affirme Wassim. "Pas de problèmes quotidiens, pas de téléphone portable." "Et pas de tram, pas de facteur qui sonne à la porte, pas de bruit de voitures... en fait, il ne se passe rien du tout", rit Zineb. "C'est tout à fait calme, on a le temps de réfléchir en marchant. Et bien sûr, il arrive que l'on pense en rond ou que l'on soit bloqué, mais il y a toujours d'autres jeunes ou un accompagnateur à qui parler, on voit des liens entre différentes choses. Des choses qu’on n'auriez jamais reliées autrement".
Wassim : "Par exemple, nous n'avions pas mangé sucreries depuis quelques jours et le cinquième jour environ, j'ai quand même bu une boissons sucrée. En fait, parfois on ne se réalise pas tout ce que nous avons ici à la maison - ces logements sociaux ne sont pas idéaux, mais ils ont l'eau chaude, par exemple. D'autre part, nous pensons que nous ne pouvons pas nous passer de certaines choses, comme les boissons sucrées, mais en fait si... En cours de route, j'ai également creusé dans le rôle de la famille : la prise de conscience qu'il est important d'avoir des gens autour de soi sur lesquels on peut toujours compter. »
Tous ensemble
Zineb : "La complicité était vraiment géniale. Nous ne nous sommes pas disputés une seule fois, chacun écoutait les autres, sans juger. Le soir, il y avait des conversations, des discussions et des réflexions. On apprend à se mettre en perspective grâce au groupe. Mais ce qui est vraiment génial, c'est qu'après une douche chaude, tout le monde se regarde et se rend compte qu’on est arrivé, qu’on a tous repoussé nos limites. Et maintenant, on va manger ensemble. »
Wassim : J'étais physiquement assez bien entraîné. Mais en fait, l'effort physique n'est pas tellement un problème. Toute ta force est dans ta tête. Et dans le groupe. Le groupe te fait avancer."
Zineb : "Dans ce groupe, chacun a également le droit d'être qu’il ou elle veut. Nous avons abordé des sujets difficiles, lors de l'exercice de la ligne de vie par exemple. On y parle des difficultés et des seuils de se vie. Et ensemble, on regarde comment tu peux les gérer ou t’en débarrasser. Au cours de ces échanges, il y avait toujours énormément de respect pour l'autre."
La tempête
Zineb et Wassim s'accordent également sur le moment le plus difficile du trekking : la nuit de la tempête. Zineb : "Il faisait si froid et nous avons dû monter une tente dans cette tempête et y rester de 18h le soir jusqu'à 9h le lendemain matin. Mais on ne pouvait pas dormir, alors on a pris des micro siestes à tour de rôle. Quand le soleil s'est levé, nous sommes allés dans un chalet. Wassim : "Pour certains jeunes, c'était un moment très difficile, ils étaient très fatigués. Mais c'était aussi un défi pour le groupe. Tout le monde devait garder la tête froide et aider. Je suis allé avec un ami chercher de l'eau à une chute d'eau. Certaines personnes étaient vraiment bloquées et nous avions quand même encore trois heures devant nous. Le fait que nous ayons vécu cela ensemble s'est avéré être un cadeau."
Zineb : "Une tempête, c’est intense, bien sûr, mais elle fait partie du temps. Nous les avons tous vus au cours de cette semaine : soleil, pluie, vent et neige. Il existe également un lien entre les montagnes et sa propre évolution en cours de route. On peut marcher pendant des heures et des heures, mais ce n’est pas tout. Tu vas plus loin dans le pourquoi des profondeurs et des hauteurs." Wassim : "Les montées et descentes physiques jouent également un rôle. Et puis tous les animaux que l'on voit en chemin : cerfs, chevaux sauvages ! C'est bien bizarre. On revient vraiment à la source de la vie."
Retour à Bruxelles
De retour à Bruxelles, il y a les tracas de tous les jours, le tram, les voitures bruyantes et... le téléphone portable. Wassim : "J'utilise mon téléphone le moins possible maintenant, je l'utilise beaucoup plus consciemment. Zineb : "Le bruit a surtout été dur, les premiers jours à la maison à Bruxelles. Mais j'ai tellement de bons souvenirs avec les autres participants. Chaque fois que nous nous voyons dans le quartier, nous parlons de la rupture. Et avec le bruit, les responsabilités reviennent dans sa vie. Mais je suis maintenant bien mieux préparé à les gérer et à assumer ces responsabilités."
Une équipe de BRUZZ a accompagné les jeunes dans les Pyrénées. La série de reportages sera diffusée sur BRUZZ plus tard cette année.